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Le ver blanc, un redoutable ravageur des prairies

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Les vers blancs du hanneton se nourrissent des racines et sont une véritable nuisance pour les prairies.

La présence de larves de hannetons est habituellement peu rapportée dans le département des Pyrénées-Atlantiques. Des dégâts dus à ces larves sont cependant signalés, ponctuellement, sur Lescun, Escout, Andoins… et dernièrement à Lanne-en-Baretous.
Petit tour d’horizon de cet autre ravageur des prairies, et de la conduite à observer…

Des larves très destructrices
Les hannetons sont des insectes phytophages broyeurs. Il en existe différentes espèces, dont les larves, assimilables à de gros vers blancs, ont des effets voisins.
Le cycle (3 stades larvaires) de ces insectes se déroule sur 1 ou 3 ans, selon l’espèce. La plus commune, le hanneton commun, se développe ainsi en 36 mois, étalés sur 4 années civiles.
Les adultes, quelle que soit l’espèce, ne sont nuisibles qu’occasionnellement (défoliations d’arbres fruitiers ou forestiers, en particulier le prunier, le chêne et l’érable).
Les larves sont en revanche très polyphages, consommant aussi bien les racines des espèces prairiales (les prairies étant les principales cultures à supporter leurs attaques) que celles des arbres. L’ampleur des dommages dépend de la population larvaire, de la vigueur de la végétation et de la pluviométrie.

Activité estivale
Bien que les cycles biologiques (et les rythmes d’apparition des larves) d’une espèce à l’autre soient différents, les plus gros dommages sont similaires et périodiques, en lien avec le cycle de l’insecte considéré, et particulièrement visibles l’été, au pic d’activité des larves. Le retour du froid les fait migrer en profondeur pour hiberner.
Préférant particulièrement les zones de prairies à l’environnement boisé, les attaques de vers blancs se caractérisent, dans les cas les plus graves, par la destruction complète du système racinaire : le gazon, complètement desséché, se détache par plaques entières, voire disparaît, laissant la terre à nu.
Les dégâts sont souvent importants, mais ponctuels.
Le seuil de nuisibilité habituellement retenu pour les prairies est de 30 larves/m2 dans le cas du hanneton commun (de 20 à 50 larves, selon la vigueur de la prairie et l’état hydrique du sol, favorable ou non aux pontes). Pour le hanneton horticole, il est plutôt de 50 à 100 larves (source suisse). Le seuil de nuisibilité est beaucoup plus faible pour les pépinières et cultures légumières : 4 à 5 larves/m2.
Plus l’été de l’année qui suit celle des vols est sec, moins la végétation est capable de résister à leurs déprédations.

Méthodes de lutte
Les hannetons ont quelques prédateurs : les fourmis, qui consomment les œufs, mais surtout les oiseaux (en particulier les étourneaux…), et quelques mammifères. Contrairement à une idée reçue, les taupes ne les consomment que peu, leur préférant les vers de terre. Blaireaux et sangliers en sont, en revanche, très friands. Comme les vols d’étourneaux, des dégâts récurrents de ces derniers sur prairies peuvent ainsi indiquer une forte présence de larves.
En cas de présence avérée, ne sont disponibles, pour limiter les dégâts, que la conduite de la prairie et la lutte mécanique : les hannetons femelles préfèrent, en effet, pondre dans une végétation rase, et leurs larves sont très sensibles aux chocs et à la déshydratation. L’été, moment où ces vers blancs sont dans la couche superficielle du sol, est la période propice aux interventions mécaniques. L’emploi, de préférence en passages croisés, d’outils à disques ou à dents (animés ou non), occasionne alors une mortalité élevée. Le labour s’il est possible ou souhaité est, de même, particulièrement efficace, en particulier s’il est combiné à ces passages d’outils (source Bipesco, Suisse). Faute de mieux, un aérateur de prairies, incliné de manière à travailler agressivement, permettra d’approfondir la zone travaillée par rapport à une utilisation classique, mais demandera probablement plusieurs passages.
Le compactage du sol par piétinement du bétail peut aussi réduire la population, a priori toutefois avec moindre efficacité qu’un passage d’outil permettant de remonter les larves. Le “plombage” au rouleau lourd (jusqu’à 2 tonnes, rouleau plein d’eau) est utilisé en Nouvelle-Zélande semble-t-il avec satisfaction, y compris pour contrôler les pontes.

En résumé, les principales préconisations (d’après la FDGDON de Lorraine) sont :

  • En année de vol (année 1) :
    •  Première fauche ou mise à l’herbe tardive, pour freiner les pontes et laisser monter à graines,
    • Hauteur résiduelle de fauche : 7 à 8 cm,
    • Fertilisation faible (la fauche est tardive),
    • Scarification début septembre, avant la descente des larves pour hivernage.
  • En année 2, larves L3 :
    • Première fauche précoce, pour préserver le couvert du dessèchement,
    • Fertilisation importante, pour fortifier le couvert et limiter les pertes,
    • Travail de remise en état en juillet – août, en pleine journée et par temps chaud, pour détruire un maximum de larves et préparer le re-semis ou le sur-semis ultérieur,
    • Scarification début septembre, avant la descente des larves
  • En année 3 (moindres dégâts des L3) :
    • Fauche et fertilisation : pas de recomman-dation particulière (les pratiques habituelles conviennent),
    • Scarification possible, mais alors à faire avant l’été.

Le re-semis de la prairie, à effectuer sur les zones attaquées, devra avoir lieu suffisamment tôt pour que le couvert soit bien développé avant l’hiver.

  • Contact : Marie Claude MAREAUX, CHAMBRE D'AGRICULTURE 64, 05 59 80 69 92, mc.mareaux@pa.chambagri.fr

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