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100e article de la rubrique Le saviez-vous bio ?

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Les pratiques promues par l’agriculture biologique, mises en œuvre dans les exploitations bio ou conventionnelles, sont autant de limitation au changement climatique.

Au  fil de cette centaine d’articles, vous avez pu comprendre que produire en respectant le cahier des charges de l’agriculture biologique est techniquement possible. Ce cahier des charges est exigeant mais permet de répondre aux enjeux environnementaux de la transition agricole. La bio est l’agroécologie née bien avant l’heure puisqu’elle existe depuis 1929 et est identifiée au niveau européen depuis 1998. Elle a su évoluer et prendre de plus en plus de place dans le panorama agricole avec fin 2022, 2 876 052 ha (soit 10,7 % des surfaces agricoles) et 60 483 fermes engagées (soit 14 % des exploitations françaises).
Des défis restent à relever notamment avec l’agriculture bio de conservation des sols ABC qui permettra un respect des écosystèmes encore plus important avec des travaux du sol moins fréquents et limitant le déstockage carbone. Elle devra également faire face aux aléas climatiques au même titre que les exploitations conventionnelles mais il est à parier que la diversité des productions des exploitations bio leur permettra une meilleure résilience.

Une recherche à la pointe
La diversité végétale tant recherchée chez les bio est mise en avant dans les diverses recherches actuelles en agriculture et agronomie. Il est heureux de voir l’engouement autour des produits de biocontrôle des différentes entreprises qui permettra d’améliorer les réponses aux agresseurs sans usages de phytosanitaires en conventionnel mais l’équilibre et la diversité des agrosystèmes restent la clé et sont pratiqués depuis de nombreuses décennies par les producteurs biologiques. De même, la recherche se penche sur la diversité variétale, enfin des semences pour répondre aux différents enjeux et intégrer des critiques de sélection autre que le rendement.
En production animale, la recherche et la mise en avant de solutions alternatives avancent également tant au niveau génétique que parasitaire. Des méthodes globales tels que la méthode Obsalim pour le pilotage alimentaire des animaux ou l’usage de produits préventifs en lien avec l’ambiance des bâtiments sont utilisés depuis longtemps en agriculture biologique et sont de plus en plus mises en avant en agriculture conventionnelle. Ce sont autant de sujets abordés au fil des articles de cette rubrique. Donc oui l’agriculture a commencé sa transition et le bon sens paysan reprend des couleurs. Mais force est de constater qu’autant en bio qu’en conventionnel, malgré ces avancées parmi tant d’autres, nous continuons de marcher sur la tête au sein d’un système économique et réglementaire ne rémunérant pas les agriculteurs dont le métier de base est la production de matière première animale ou végétale. Oui la recherche avance dans le bon sens mais qu’en est-il de la remise en question de ce système toujours plus compliqué et ne permettant pas la rémunération des producteurs au regard du temps passé et de la limitation de l’impact des pratiques sur le changement climatique notamment. Qu’allons-nous manger demain ? La preuve fournie par les agriculteurs bio et conventionnels mettant en œuvre des pratiques agricoles soutenables afin de produire des aliments sains ne semble pas suffisante au maintien de leur métier. Alors les agriculteurs bio se serrent les coudes et tentent de trouver des alternatives durables permettant de maintenir les exploitations à flot. Comment faire face à des prix en chute libre face à une montée des intrants et à des aléas climatiques de plus en plus fréquents alors même que le consommateur se détourne des produits bio à cause de l’inflation ? La quadrature du cercle consistant à rémunérer convenablement les agriculteurs qui doivent faire face à un millefeuille administratif et réglementaire et des lois du marché aberrantes sera-t-elle possible ? Et pourtant demain il faudra bien manger, il faudra bien contenir les impacts du réchauffement climatique.
À l’heure de la COP 28 dont certains participants restent climato-sceptiques, il faut garder le cap, maintenir ses engagements envers les bonnes pratiques du cahier des charges bio, continuez à chercher des alternatives organiques et une approche globale des agroécosystèmes. L’agriculture connaît un nouveau tournant et il me reste à espérer que ces articles vous apportent un éclairage sur les évolutions nécessaires et les pratiques qui fonctionnent sur les exploitations. Toutes les pratiques promues par l’agriculture biologique, d’ores et déjà mises en œuvre dans les exploitations qu’elles soient bio ou conventionnelles, sont autant de limitation au changement climatique pour espérer un monde viable demain.

Contact : Ludivine Mignot,  conseillère bio Chambre d’agriculture 64, l.mignot@pa.chambagri.fr