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Bovins lait : quelles alternatives au tourteau de soja ?

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Revue des leviers disponibles pour réduire l’impact de l’envolée des prix de l’alimentation pour bétail et des ressources énergétiques.

Depuis plus d’un an déjà, on observe une hausse du prix des aliments concentrés protéinés destinés à l’élevage. Cette tendance s’est accentuée en ce début d’année. Non seulement les cours du tourteau de soja et colza n’ont pas fléchi, mais le phénomène s’est accompagné d’une hausse nette des céréales, des carburants et des engrais azotés. À noter que les récoltes en Amérique du Sud sont en avance, mais le contexte géopolitique actuel rend plus imprévisible l’évolution des marchés agricoles.

Plusieurs pistes sont possibles afin de limiter l’augmentation des charges qui pèsent sur les élevages de bovins.

Réduire les besoins : réduire la concentration azotée des rations
Une des solutions pour réduire ses factures azotées est de calculer les marges de réduction possible des besoins du troupeau. Les marges de progrès portent sur la concentration azotée de la ration, l’adéquation de la ration au contexte du troupeau et la bonne analyse de l’équilibre de la ration.
L’objectif économique est aujourd’hui de viser 95 à 100 PDI/UFL dans la ration du troupeau. Le surcoût d’un kilo de tourteau de soja n’est pas compensé par l’augmentation de production et le prix du lait. Mais attention aux fausses économies, une baisse d’un kilo de tourteau de soja pour un troupeau frais en lait pénalisera trop fortement sa production ainsi que la marge permise après avoir couvert le coût de l’alimentation.
Le taux d’urée du lait de tank est un bon indicateur pour aider l’éleveur à piloter l’alimentation azotée du troupeau. Ce sont surtout les variations brutales de taux qui doivent alerter l’éleveur sur un réajustement nécessaire de l’azote ou de l’énergie dans la ration.

Apporter de l’azote via les fourrages : l’herbe est le fourrage le plus économique
La recherche de l’autonomie alimentaire et protéique nécessite parfois de repenser le système fourrager en reconsidérant la place de l’herbe. Pâturée au printemps ou à l’automne, elle est le fourrage le plus économique et naturellement bien pourvue en protéine, ce qui permet de réduire significativement les apports de concentrés : 10 kg/MB brute d’ensilage d’herbe, c’est un kilo de soja en moins.
Parallèlement, le choix de cultiver des prairies multi-espèces, composées notamment de légumineuses apportera en plus d’un fourrage de qualité, une économie annuelle supplémentaire de 20, 30 voire 50 unités d’azote par hectare en fertilisation. Les ensilages de dérobées peuvent participer à l’amélioration de l’autonomie en protéines.
Voici quelques exemples de gain d’autonomie protéique :

  • Récolter des fourrages jeunes. En fin de stade montaison, un fourrage de graminées peut perdre 1 point de MAT en 3 jours.
  • Présence de 25 % de légumineuses dans un mélange de graminées apporte un gain de 1 point de MAT.
  • La perte de 10 % de feuilles de trèfles et luzernes représente 1,5 point de MAT.
  • Repère Urée sur ration maïs, pour un troupeau à 25 kg lait/jour : 110 + (25 x 4) = 210 mg/l.

Diversifier les sources de correcteurs azotés en fonction des prix d’intérêt
Le tourteau de soja est techniquement l’un des correcteurs les mieux adaptés pour corriger le manque d’azote d’une ration à base d’ensilage de maïs. Sa politique d’achat peut être réfléchie avec de plus grandes quantités ou par des achats sous contrats.
Mais le choix du ou des correcteur(s) azoté(s) doit également être raisonné selon la dégradation de l’azote afin de garder un équilibre entre l’azote dégradé dans le rumen et l’azote dégradé dans l’intestin. L’efficacité d’une ration se fera en fonction de la complémentarité de ces deux origines. Le tableau de ce document synthétise et compare les différentes alternatives et leur prix d’intérêt.

Utiliser l’urée alimentaire dans les rations de maïs
L’urée est une source d’azote très fermentescible, entièrement dégradée dans le rumen et constitue une source économique de PDIN (1 443 g de PDIN). L’urée est considérée comme un additif depuis 2008 et ne peut plus réglementairement être utilisée par l’éleveur mais des substituts peuvent pallier cette contrainte. L’utilisation de l’urée convient bien pour des rations à base d’ensilage de maïs, sans pâture. La distribution doit être étalée dans la journée en ration complète bien mélangée. L’apport doit être progressif et limité à 30 g journaliers par 100 kg de poids vifs de l’animal.

Les différentes sources de matières azotées dans les rations des vaches laitières

Contact : Aurélien Legay, Chargé de mission bovins lait Chambres d’agriculture 64 et 40