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Comment maîtriser sa marge en bovins viande ?

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Dans un contexte où les coûts de production ont fortement augmenté de près de 20 % en 2022, où l’indice Ipampa s’approche des sommets avec un record absolu depuis 2005 de 139 points en janvier 2023 (actuellement 130 points), il semble plus que jamais indispensable d’identifier les leviers de revenu.

L’analyse annuelle des marges brutes calculées chez les adhérents Bovins Croissance, a mis en évidence un impact déterminant de 2 indicateurs ; à savoir la productivité animale ainsi que l’efficience alimentaire ; dans l’acquisition d’une bonne marge brute en bovins Viande.

Productivité animale
Elle représente la capacité à produire de la viande d’un atelier ramenée à une unité de production bovine qui est l’UGB. Les principaux leviers sont l’intervalle vêlage-vêlage (IVV), le taux de mortalité, l’âge au premier vêlage, le taux de finition ou encore les performances d’engraissement (poids carcasse). Et moi je me situe où ? Production brute de viande vive (PBVV) : ventes de viande (kg vif) + variation d’inventaire (kg vif) – achats d’animaux (kg vif). Les poids carcasse sont ramenés en vif par le biais d’un rendement carcasse. Pour me repérer : en VSLM, le PBVV (en kg) est de 250-270, en broutards de 300-340, en bœuf de 350-400 et en taurillons de 420-440.

Efficience alimentaire
L’efficience alimentaire représente la capacité d’un système à produire le plus de résultats possible ; mesuré par la production de viande (PBVV) ; avec le moins de ressources possible, approchée notamment par les quantités de concentrés. On la résume ainsi par la quantité de concentrés consommée pour produire 100 kg de viande vive.
Pour me repérer : en VSLM, le concentré (kg)/ 100 kg de viande vive est de 250-270, en broutards de 260-280, en bœuf de 370-390 et en taurillons de 340-360.
Cependant, améliorer l’efficacité des charges alimentaires ce n’est pas non plus annihiler toutes dépenses liées à l’alimentation du cheptel mais plutôt optimiser ces dépenses. Il faut donc résonner en charges de concentrés aux 100 kg de viande vive produits.

Quelques leviers pour y parvenir

  • Allottement
    Alloter c’est la clé de l’économie! Alloter c’est mettre des animaux de même stade physiologique ensemble, qui ont donc les mêmes besoins. Un allottement très précis va permettre d’économiser des concentrés sur des animaux à l’entretien-gestant.
    La rentabilité d’un atelier bovin viande passe par une reproduction maîtrisée et l’obtention d’1 veau par vache et par an. Or, ce résultat est la conséquence d’un suivi rigoureux de l’animal. Les diagnostics de gestation sont un très bon outil d’aide à la décision dans la gestion de ces allottements.
    À plus long terme, le groupage des vêlages du troupeau ou d’une partie d’entre eux tel que les génisses est une solution pour avoir de plus grands lots d’animaux ensemble. Des rations plus spécifiques seront mises en place. Le choix de la période peut être déterminant selon vos astreintes de travail.
  • Alimentation
    Dans le contexte pyrénéen favorable à la culture du maïs, son ensilage permet de sécuriser à moindre coût la fourniture en énergie de la ration. Cependant, son intégration dans celle-ci doit être limitée afin de ne pas pénaliser l’autonomie de la ration. L’apport de protéine se fait lui par l’apport de fourrages jeunes riches en légumineuses permettant un apport élevé en protéine sans faire baisser l’apport en énergie. La distribution de fourrages de qualité permet de réduire les consommations en concentrés tout en ayant des rations équilibrées. Les rations dites « sèches », à base de fourrage grossier, présentant des parts importantes de concentrés, sont les plus coûteuses.
  • Valorisation du pâturage
    L’herbe pâturée reste la ressource alimentaire la moins chère pour nourrir un troupeau allaitant : 45 € /tMS (contre 120 €/tMS en moyenne pour de l’herbe récoltée). L’allongement des durées de pâturage est donc un axe de travail majeur lorsqu’on cherche à diminuer les charges alimentaires. Cela passe par le pâturage à des périodes dites intermédiaires (début de printemps, hiver). Des aménagements et pratiques peuvent être adoptés par l’éleveur pour maintenir l’accès des animaux au pâturage malgré ces conditions : chemins d’accès, temps de présence sur les paddocks raccourcis.
    Plus globalement, le pâturage tournant reste l’élément clef pour améliorer la productivité de l’herbe sans engager de charges élevées. Afin de valoriser la forte disponibilité d’herbe au printemps, les périodes de vêlages des animaux peuvent être adaptées. Pour cela, les mises-bas doivent se faire fin d’hiver afin de réaliser la reproduction avant la période sèche. Ainsi, les lactations se feront à moindre coût avec la pousse printanière. Pour rappel, le stade de pâture optimal se situe lorsque l’herbe atteint la zone « mi-mollet » soit 15 cm. Au-delà de ce stade les valeurs alimentaires décroissent.
  • Itinéraires d’engraissement
    Bien que l’engraissement apporte une valeur ajoutée à l’atelier, il constitue une phase onéreuse qui nécessite de contenir les consommations de concentrés induites. Depuis peu, des itinéraires d’engraissement nouveaux se développent (étude Afivaq), moins gourmands en concentrés, ils intègrent des fourrages riches en valeurs alimentaires tels que les ensilages de maïs, les enrubannés et les ensilages d’herbe.
    De plus, le temps d’engraissement est à adapter selon le potentiel de l’animal. Une vache ayant un faible potentiel musculaire et une faible croissance à l’engraissement doit être orientée vers des marchés peu exigeants En effet, sa durée de finition doit être courte car elle ne valorisera pas les charges engagées par un engraissement long.
    Finalement, dans ce contexte difficile, il reste néanmoins de nombreuses pistes techniques pour maîtriser les charges en élevages. Bien que toutes ne soient pas transposables dans chaque exploitation, elles permettront de pousser la réflexion sur les actions à mettre en œuvre afin d’optimiser au mieux le coût alimentaire de son atelier bovins viande.

Contact : Thomas Gareni, Conseiller Bovins Croissance