Des colliers GPS modulables et pyrénéens

L'an dernier, nous faisions part dans ces colonnes des expériences réussies d’éleveurs avec deux types de colliers GPS, de marque Digitanimal et Agiltech. Depuis 2 ans, une autre marque pointe le bout de son nez : LeanConnected. Basée dans les Hautes-Pyrénées, cette entreprise, spécialisée dans les solutions connectées pour les territoires isolés (téléphonie d’urgence, caméras…), s’est investie depuis 3 ans dans de la recherche et développement autour des colliers connectés, pour proposer aujourd’hui une gamme de solutions adaptées aux éleveurs, en particulier transhumants.

Un éleveur ravi
Paul Castellari, éleveur transhumant avec brebis, vaches et chevaux à Bruges, a équipé une brebis et une jument avec une balise LeanConnected l’an dernier. « C’est le top ! » résume-t-il. Ces différents troupeaux montent en effet sur quatre estives différentes, sans être gardés par un berger. Les brebis sont notamment sur une estive éloignée, difficile d’accès mais aussi très étendue et très escarpée, les animaux pouvant monter jusqu’à 3 000 mètres d’altitude.
Lorsqu’il monte, au moins 1 fois par semaine, voir ses animaux, il ne perd pas de temps à les trouver. « L’an dernier, il a neigé très tôt, et on s’est fait surprendre. La veille, je voyais les brebis, qui sentaient la neige, descendre. Mais le lendemain, j’ai vu qu’elles étaient à une altitude où il avait neigé. Quand j’y ai été, sans leur localisation grâce au collier, je ne les aurais jamais retrouvées ! »
Au-delà du gain de temps certain pour les retrouver, c’est aussi un moyen de se rassurer au quotidien, l’éleveur regardant très souvent la position des animaux sur l’application du smartphone. Il regarde où elles dorment, le parcours qu’elles ont suivi, ou encore si elles ont été au sel. « Le collier nous a fait connaître la montagne » précise Paul, très surpris l’an dernier du parcours de ses brebis durant toute la saison.

Des colliers adaptables
Les colliers commercialisés par Patrice Duboé, fondateur de LeanConnected, ont plusieurs avantages notables. En premier lieu, les colliers sont adaptés à l’estive sur laquelle ils vont être utilisés : suivant sa localisation géographique, un choix est fait sur le, ou les réseaux utilisés pour minimiser le coût. Il faut en effet savoir que, même si le réseau téléphonique ne fonctionne pas, il peut y avoir d’autres réseaux terrestres, souvent inconnus du grand public, disponibles. Si aucun réseau n’est utilisable, une connexion satellitaire sera choisie, fonctionnant partout, y compris dans les endroits les plus reculés.
Le réseau choisi est le principal déterminant du coût du collier : de 300 € maximum avec un réseau terrestre à 450 € maximum avec un réseau satellitaire. Le coût de l’abonnement varie également du fait des réseaux : de 90 € à 150 €, avec des prix moindres si l’on n’utilise les colliers que pendant la saison d’estives. Pour Paul Castellari, « l’investissement est largement rentable ». Et il va d’ailleurs s’équiper de deux nouvelles balises cette année, pour son troupeau de vaches et sa deuxième estive ovine.

Une évolution continue
Un deuxième avantage de ces colliers est leur ergonomie : très peu volumineux et très légers, ils sont particulièrement adaptés aux petits ruminants, et sont aussi moins fragiles vis-à-vis des frottements et des chocs. Le collier satellitaire pèse par exemple 22 g et est plus petit qu’une carte de crédit. Si les balises sont fournies à l’achat avec un collier, on peut très bien positionner la balise sur un collier classique, en laissant la cloche.
Enfin, ces colliers ont tous vocation à fonctionner sur batterie solaire, avec une durée de vie estimée à 5 ans. Les batteries vont par ailleurs être optimisées sur tous les modèles pour tenir trois mois sans soleil. Concernant les fréquences d’émissions des positions, elles doivent être choisies à l’achat du collier et elles peuvent varier de 10 minutes à 4 heures.
Patrice Duboé, en plus de s’adapter aux besoins et aux particularités de ses clients, fait sans cesse évoluer ses produits. L’attention aux réseaux utilisés est une clef de l’efficacité de l’outil : « Les opérateurs et donc les réseaux bougent en permanence, il faut s’adapter et prévenir en travaillant avec plusieurs opérateurs. » Un système d’alerte en cas de dépassement d’une limite cartographique définie sur l’application va être mis en place en juin.
Par ailleurs, il travaille actuellement sur des colliers permettant, en plus de la localisation, de prédire l’activité des animaux, en particulier pour détecter les mouvements anormaux. Autant de fonctionnalités qui pourraient être pertinentes pour les éleveurs, mais aussi pour d’éventuels travaux de recherche sur nos animaux et nos races transhumantes !

Contact : Jean Beudou, Changement climatique - innovation - filière ovine Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques. 06 74 75 39 97.