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La betterave fourragère dans la ration des ruminants

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Cette culture exigeante est très appréciée par les éleveurs pour ces effets bénéfique sur la santé et la reproduction des vaches et des brebis. Témoignage et conseils pratiques.

Face aux étés de plus en plus chauds et secs, les éleveurs cherchent des solutions pour diversifier les sources d’énergie fourragère. La betterave présente le double avantage de bien résister à ces conditions estivales et de conserver une bonne valeur alimentaire. En effet, même si le rendement est impacté par le manque d’eau, la qualité nutritionnelle de cette racine restera stable, contrairement au maïs. Reste que l’été 2023 a été caractérisé par des précipitations particulièrement bénéfiques pour la culture du maïs ensilage. Dans ce contexte, la betterave fourragère a-t-elle tiré son épingle du jeu dans notre département ? Retour d’expérience au Pays basque.

Retour d’expérience
Philippe Leglise (EARL Couture) à Hasparren en est à sa cinquième année d’utilisation de betterave fourragère dans ses rations. « Quand tu as goûté à ce produit, tu ne fais plus marche arrière. » L’éleveur de vaches laitières apprécie l’effet santé sur son troupeau ainsi que le gain de fertilité à la mise à la reproduction. « Sur la qualité du lait, je suis à 45,8 g/l de TB et 34 g/l de TP ». De même, en élevage ovin, la betterave fourragère apporte de l’eau et une source d’énergie rapide, différente de celle du maïs. « C’est très lactogène et excellent pour la santé et la reproduction des brebis. » Habituellement Philippe Leglise cultive 2 ha de betterave fourragère mais il n’en a pas semé au printemps en raison d’ensilage d’herbe tardif. Il en a toutefois acheté en local à un voisin pour ses besoins hivernaux.
La culture a souffert des faibles précipitations sur la fin d’été et l’automne. « C’est à ce moment-là que les betteraves profitent et que le rendement se fait. » L’arrachage, fait sur le mois d’octobre, a également été compliqué avec un sol très sec. La culture n’avait pourtant jamais aussi bien levé cette année grâce à des bonnes conditions (terre réchauffée, pluies régulières) au moment du semis début mai. « Habituellement, elle lève en 2 à 3 fois. » En moyenne, la betterave a sorti 75 t/ha en 2023 (soit 13 tMS/ha estimé) contre 90 t en 2022, pourtant une année particulièrement marquée par la sécheresse.

Suivis et observations
Dans le cadre du programme Accelair, un travail de suivis et d’observations a été fait sur 20 exploitations de Nouvelle-Aquitaine, pour aboutir sur les conseils pratiques et recommandations techniques suivants :

Quelle parcelle choisir ?  Grâce à son système racinaire, la betterave valorise bien les sols riches et profonds. Les « terres à maïs » per-mettront une bonne expression du potentiel de rendement.

Le semis, une étape capitale.  Le sol doit être très affiné et bien rappuyé. En effet, une levée échelonnée rendra difficile la maîtrise des adventices. Il convient de semer au minimum 130 000 graines/ha pour espérer une densité suffisante après les pertes notamment causées par les attaques d’insectes (altises) mesurées autour de 30 %. Certains éleveurs passent le rouleau avant le semis afin que la profondeur de semis soit bien homogène. La profondeur de semis est à raisonner entre 2 et 4 cm, selon la fraîcheur au sol et la météo annoncée, pour trouver le meilleur compromis possible sur la vitesse de levée.

Quel choix variétal ?  Si la betterave est pâturée, il est important de choisir une variété de betterave avec au moins 30 % de la racine hors terre (Rialto par exemple). Si la betterave est récoltée, une variété plus enterrée est conseillée, car la hauteur des betteraves sera plus homogène ce qui facilitera l’effeuillage. De plus, les betteraves seront mieux protégées des rongeurs qui en sont friands !

Désherbage, le point noir de la culture.  Le chénopode et l’amarante sont les principaux adventices de la betterave. Le chénopode est de la même famille botanique que la betterave, ce qui nécessite de traiter à des doses faibles pour limiter la phytotoxicité et donc de multiplier les traitements si la levée est lente ou échelonnée. Cela confirme l’enjeu d’une préparation du sol et d’un semis très soigné, pour une levée rapide et homogène. Comme pour la vigne, avec la pluviométrie élevée de l’été 2023, la culture a particulièrement souffert de l’attaque des maladies (nécroses) et de la pression des chénopodes. « Cette année on a fait 6 passages d’herbicides dont 4 à demi-dose, contre 4 en 2022 ».

Récolte et conservation.  L’arrachage a lieu généralement première quinzaine d’octobre. La betterave repart en végétation à partir de fin février/début mars, le stock doit donc être consommé en fin d’hiver. Le pâturage est une vraie alternative car elle règle la question du matériel de récolte peu présent dans le Sud-Ouest, et naturellement induit cette économie. « On peut laisser les brebis ou vaches pâturer 1 h 30 par jour, au fil, à partir de début septembre » témoigne un éleveur ovin, cela permet également de « bien valoriser les feuilles », ce qui compense en partie la perte de rendement induit par une récolte racine.

Contact : Aurélien Legay, Chargé de mission bovins lait et agriculture bas carbone à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques