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Le séchage en grange : quels bénéfices ?

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Durant le projet Ô ton herbe, douze élevages ovins lait équipés d’une installation de séchage ont été enquêtés et suivis sur 2 ans par la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques.

Ces dernières années, les installations de séchages de fourrages à la ferme se multiplient, en grande majorité sur la filière brebis laitière. Dans le cadre du projet Ô ton herbe, financé par la Fondation Avril, la Région Nouvelle-Aquitaine et l’Agence de l’eau Adour-Garonne, les travaux menés par la Chambre d’agriculture avaient pour objectif de récolter des données objectives sur ces fermes et ces équipements. Durant ce projet, douze élevages ovins lait équipés d’une installation de séchage ont été enquêtés et suivis sur 2 ans.

L’utilisation du séchoir
L’installation d’un séchoir ne permet pas, dans la très grande majorité des fermes, de sécher la totalité des fourrages de la ferme : des choix sont faits, suivant la capacité globale du séchoir et le remplissage des cellules à l’instant de la récolte. La priorité est donnée aux fourrages les plus riches et qualitatifs et les plus difficiles à sécher : mélanges suisses, luzernes… Parmi les douze éleveurs, sept ont en effet de la luzerne, sur une surface allant de 1,5 à 6,5 ha. Les autres ont eu de mauvaises expériences avec la luzerne, qui se perdait très vite, et privilégie aujourd’hui des mélanges graminées-légumineuses. Du fait d’un manque de capacité du séchoir par rapport à ce qu’ils souhaiteraient récolter, certains éleveurs sortent du foin séché en vrac à l’extérieur du séchoir, voire le reconditionnent en boules. Attention toutefois, cette étape est très chronophage.
« Avant, je commençais les foins au 10 mai, maintenant, c’est plus au 20 avril » témoigne un des éleveurs enquêtés tandis que, pour un autre, « on gagne une coupe au moins, sur certaines parcelles ça peut être plus ». C’est le principal atout du séchage : la fenêtre de récolte, suivant les conditions météo de l’année, s’étend, dans les enquêtes réalisées, du 20 avril au 10 octobre.
De ce fait, conjugué avec la possibilité de récolter avec une fenêtre de beau temps plus réduite, le nombre de coupes possibles est augmenté : on peut aller, en conditions favorables, jusqu’à 3 coupes pour des prairies permanentes, 4-5 coupes pour des prairies temporaires et 6 coupes pour de la luzerne. De ce fait, il y a évidemment un impact positif sur les rendements, mais également sur la qualité des prairies, du fait de coupes plus régulières et d’un nombre de passages de tracteurs plus réduit. Ces changements de pratiques permises par cet équipement constituent également un moyen de s’adapter au changement climatique et à ses conséquences.

Une récolte différente
Avec un séchoir, il est clair que l’organisation de la récolte diffère. Le travail se fait en majorité sur 2-3 jours, avec en majorité un ou deux fanages. En conditions très favorables, certains fourrages sont coupés le matin et ramassés le soir, sans être fanés.
Dans le séchoir, il faut trouver un équilibre entre une quantité de fourrages minimum pour que l’air ventilé soit efficace et une quantité maximum pour que le foin puisse bien sécher. Si certains privilégient les gros chantiers en rentrant le foin d’une dizaine d’hectares par jour, d’autres préfèrent les petits chantiers successifs. Il reste que, comme en témoigne un éleveur, « le travail est plus rapide au champ », et, surtout, « c’est vraiment moins de stress », que ce soient sur la gestion du chantier de récolte ou sur les fenêtres météos pour faucher.

Des fourrages plus qualitatifs
Dans notre projet, une cinquantaine de fourrages séchés en grange ont été analysés, en majorité des prairies temporaires et de la luzerne. Ces analyses ont ensuite été comparées à des références locales de fourrages séchés classiquement. Si l’on regarde la teneur en protéines au travers de la MAT (matière azotée totale), les différences sont majeures. Sur les prairies temporaires, en première et seconde coupes, les MAT sont en moyenne 20 % supérieures aux références. En troisième coupe, les MAT atteignent en moyenne 19 % de MAT, contre 14 % sur les références départementales.
En luzerne, on est sur des MAT moyennes allant de 16 % en première coupe à 18 % en troisième coupe. Il existe plusieurs explica-tions logiques à ces valeurs : des mélanges plus riches en légumineuses semés, des stades de récolte optimisés, et de meilleures conditions de séchage réduisant les pertes de valeur, biologiques et mécaniques.
Par contre, sur l’énergie, on n’observe pas vraiment de bénéfices sur les analyses réalisées, contrairement aux données observées dans d’autres régions. Une hypothèse est que les fourrages ont tendance à être rentrés trop secs par rapport aux préconisations, accentuant les pertes biologiques de valeurs au sol. En effet, les fourrages sont rentrés en moyenne à 67 % de MS, alors que les préconisations se situent entre 55 et 65 %. Or, les pertes de valeur alimentaire biologiques sont observées jusqu’à 65 % de MS : plus vite on arrive à ce taux, moins les pertes sont importantes.

Contact : Jean Beudou, conseiller filière ovine Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques

Publications

  • 2024,  Bovin lait,  Bovin viande,  Caprin,  Ovin lait,  Ovin viande,  Plante fourragère,  Prairie,  Pyrénées-Atlantiques,  106-Inst-NAQ-Pyrenees-Atlantiques

    En réponse à une recherche d’autonomie alimentaire toujours plus prégnante, le projet Ô ton herbe porté par la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques...

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