Les colliers GPS : des outils en plein développement

Si les cloches seules ornaient les animaux en estives il y a quelques années, il n’est aujourd’hui plus rare de croiser des brebis, chevaux ou vaches équipés de colliers d’un autre genre, équipés de GPS. En effet, le besoin d’outils de surveillance des troupeaux à distance constituait ces dernières années une demande forte des éleveurs transhumants des Pyrénées-Atlantiques.
Plusieurs solutions existent aujourd’hui pour satisfaire à ces demandes des éleveurs, avec de nombreux exemples concluants dans le département, essentiellement avec deux systèmes : Digitanimal et Agiltech. Le tout est de se diriger vers le système le plus adapté à ses besoins.

La clef : le réseau
Les deux colliers reposent sur le même principe : combinant balise GPS et batterie sur un même collier, ils permettent de renvoyer la position des animaux, non pas en direct, mais sur une période prédéfinie : toutes les 30 minutes ou toutes les heures. Ces positions, ainsi que les historiques de celles-ci, sont ensuite accessibles via une application disponible sur smartphone, tablette ou ordinateur. Un abonnement, à payer pour chaque collier, est indispensable.
Les deux colliers disposent chacun, également, de la fonction de clôtures virtuelles qui permet d’avoir une alerte sur son téléphone lorsque les animaux dépassent la limite dessinée sur la cartographie. Concernant les batteries, différentes options existent, mais, généralement, elles tiennent l’intégralité de la saison d’estive.
La différence essentielle entre ces deux outils consiste dans les réseaux utilisés. Les colliers Digitanimal utilisent les réseaux téléphoniques classiques ainsi que le réseau Sigfox. Il est alors essentiel, avant de s’équiper d’un collier de ce type, de s’assurer que le réseau téléphonique passe sur toute l’estive, ou alors que le réseau Sigfox émette. La société Digitanimal dispose en ce sens de données pour vous éclairer et propose aussi la vente d’antennes Sigfox, qui sont toutefois onéreuses et ne fonctionnent que sur un territoire restreint et dans des conditions spécifiques.
Néanmoins, il est certain qu’il existe de nombreuses zones blanches couvertes par aucun réseau dans les zones pastorales ! C’est pour cela que la société Agiltech, en partenariat avec la Chambre d’agriculture, a développé un collier fonctionnant avec le réseau satellitaire, qui fonctionne partout, excepté dans les forêts trop denses. Une cinquantaine d’éleveurs sont aujourd’hui équipés de ces systèmes Agiltech dans le département, sur les trois espèces.

Des prix à ne pas négliger
Évidemment, ces différences influent de manière considérable sur les prix. Si le tarif d’un collier Digitanimal est autour de 200 €, il faut compter plus de 500 € pour un collier Agiltech. Et de même pour l’abonnement : on passe d’environ 50 € par collier et par an (avec des prix dégressifs suivant le nombre de colliers) pour un abonnement chez Digitanimal à environ 140 € chez Agiltech. Il existe aussi des formules d’abonnement par mois, avec des prix plus intéressants si on les utilise seulement pendant les quelques mois de la saison d’estives.
Si les différences de prix sont importantes, il ne faut pas tenter des économies qui s’avéreraient préjudiciables si le réseau couvrant l’estive est très incertain… Certains s’en sont mordu les doigts ! Au-delà du prix, les poids sont également sensiblement différents : les colliers Agiltech pèsent au minimum 1,2 kg alors que les Digitanimal sont, eux, plus légers.

Une utilisation quotidienne
Les motivations initiales des éleveurs qui se sont équipés sont multiples. Pour certains, leurs animaux partent sur des estives très éloignées et non gardées. D’autres transhument sur des estives comportant des zones potentiellement dangereuses et souhaitent contrôler le déplacement de leurs animaux, permettant de limiter leur déplacement. Beaucoup veulent éviter de perdre un temps considérable lorsqu’ils vont voir les animaux, typiquement en cas de brouillard.
Après plusieurs mois d’utilisation, la majorité concède les utiliser quotidiennement et ils ne s’en passeraient plus. La réduction du stress constitue un argument privilégié avec le recul. Comme en témoigne Philippe Sicre, du GAEC Oihantxoko à Espès-Undurein, qui a équipé ses deux lots de vaches transhumantes en Soule et en vallée d’Aspe avec 4 colliers Digitanimal : « Même mon père, qui surveille les vaches en Soule et qui était très sceptique au début, regarde aujourd’hui les positions des vaches sur la tablette avant de partir les voir. »
Ainsi, s’il est certain que ces équipements ne remplaceront jamais les éleveurs, les bergers et la présence humaine au côté des animaux, ils représentent une facilitation du travail bienvenue pour pérenniser la valorisation des zones pastorales dans un contexte de manque de main-d’œuvre dans les exploitations.

Contact : Jean Beudou
Conseiller filière ovine - recherche, développement, innovation
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