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Mesurer la santé des sols avec les indicateurs de Biofunctool

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Pour la deuxième année consécutive, Agro Réseau 64 et la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques ont évalué l’impact des pratiques agricoles sur la santé des sols. L’étude 2021 a porté sur des terres limoneuses battantes sur 16 parcelles

afin de comparer quatre situations.

En 2020, l’étude avait porté exclusivement sur des parcelles de maïs sur des terres noires. Les systèmes en labour avaient été comparés avec des systèmes en non-labour voire en semis direct avec couverts végétaux. Cette première étude a permis de montrer que la réduction du travail du sol entraîne une meilleure stabilité des agrégats et donc une limitation de l’érosion des sols.
En parallèle, la restitution des résidus ou la mise en place d’engrais vert stimule l’activité biologique des sols avec une meilleure dynamique du carbone. Les couverts composés de légumineuses ont, quant à eux, un rôle plus important sur la stabilité du sol mais peu sur l’azote dans les terres noires.
Pour l’étude de 2021, un travail identique a été mené sur des terres limoneuses battantes sur 16 parcelles afin de comparer quatre situations : labour, travail simplifié depuis moins de 5 ans, travail simplifié depuis plus de 10 ans et semis direct, depuis au moins 4 ans.
Toutes les parcelles étaient en maïs et avaient eu un couvert hivernal contenant des légumineuses. Les mesures ont été réalisées au printemps 2021 en utilisant 6 indicateurs proposés par Biofunctool.

Les systèmes non labourés et couverts permettent-ils d’améliorer le maintien de la structure par rapport aux systèmes labourés ?
Le semis direct apporte clairement une meilleure stabilité des agrégats dans les deux premiers centimètres du sol. Ce résultat se retrouve sur l’horizon de 2 à 10 cm mais de manière moins prononcée. Ce résultat est lié à l’accumulation de matière organique en surface et donc à une meilleure stabilité du sol en surface. Les notes obtenues pour les sols travaillés restent tout de même intéressantes et liées à la mise en place systématique de couverts hivernaux.
Cette stabilité des agrégats va donc limiter les risques d’érosion et ces résultats confirment ceux de 2020.

Les systèmes travaillés permettent-ils d’avoir une meilleure porosité structurale et donc une meilleure infiltration de l’eau dans le sol ?
La circulation de l’eau a été mesurée via le test Beerkan. Il n’y a pas de différence significative d’un point de vue statistique, mais la tendance à une compaction plus forte des terres en semis direct est nette mais avec de fortes variabilités internes aux parcelles. Cette compaction est corroborée par des suivis par pénétromètres.
Pour les fonctions de transformation du carbone qui traduisent la vie du sol (à travers des mesures de carbone labile, de dégradation de la matière organique et de respiration du sol) le semis direct sort clairement du lot par rapport aux systèmes travaillés même par rapport aux systèmes sans labour. Ainsi, le semis direct avec couverts, favorise une plus grande activité biologique.
En agrégeant les différentes fonctions mesurées sur les 16 parcelles, il en ressort un « avantage » pour le semis direct comme le montre le dernier graphique ci-contre.
Pour conclure, les résultats obtenus montrent une amélioration de la santé des sols avec le non-labour mais plus particulièrement pour les systèmes en semis direct vis-à-vis des indicateurs Biofunctool.
En effet, en semis direct, on observe dans le premier horizon du sol une meilleure stabilité des agrégats, une concentration du carbone labile et de la vie microbienne plus importante que dans les systèmes labourés.
Ces conclusions confirment, au niveau local, les données de la littérature. Cependant, sur les sols limoneux étudiés, on observe également une tendance à la compaction avec le non-labour, ce qui pourrait nuire à la fois à la vie du sol et à l’infiltration de l’eau. D’où l’importance, dans ces systèmes-là, d’assurer une couverture permanente de qualité avec de forts retours de matière organique car ce sont des sols fragiles et sensibles à la compaction. On rappellera que, dans cette étude, les chercheurs se sont placés dans des systèmes, qu’ils soient travaillés ou non, avec couverts végétaux et qu’ils jouent un rôle primordial dans la santé des sols.
On peut espérer qu’à travers une amélioration de ces critères et de cette santé du sol, on améliore les systèmes ou du moins leur résilience face par exemple aux changements climatiques et qu’on améliore leur durabilité.

Contact : Patrice Mahieu, Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques