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Prairie : comment gérer la situation actuelle ?

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Les prairies présentant des hauteurs de végétation élevées sont à réserver à la fauche.

Au vu des conditions arrosées à cette période de l’année, disposer de plus de 15 jours de pâture d’avance est superflu. Idéalement, les prairies présentant des hauteurs de végétation élevées sont à réserver à la fauche. Dans l’éventualité cependant d’une ouverture aux animaux, il sera nécessaire alors de les contraindre à tout consommer : en adaptant le chargement et la pâture (avec fils avant et arrière, si le temps de séjour dans la parcelle devait être supérieur à 5 jours) ou en pratiquant le topping, c’est-à-dire la fauche suivie, le jour même ou le lendemain, de la pâture de l’herbe coupée : passé la surprise, les animaux consommeront ainsi sans trier toute l’herbe, même passée, à la condition toutefois que celle-ci ne soit pas entre-temps retrempée par les pluies.
Sans adaptation du pâturage, l’abondance de refus nécessitera le passage d’un troupeau nettoyeur à faibles besoins ou une intervention mécanique, pour niveler les touffes d’herbe durcie et ne pas traîner ces zones mal ou non pâturées pendant le reste de la saison. Le broyage, ou mieux, la fauche qui, par sa netteté de coupe, est plus favorable au redémarrage de l’herbe, sera à effectuer de préférence le jour même de la sortie des animaux, à une hauteur de végétation résiduelle de 10 cm, pour ne pas amputer les nouvelles feuilles.

Assurer la qualité de son stock
Les prévisions pour les deux prochaines semaines sont à des précipitations régulières, possiblement orageuses, et à des températures moyennes plutôt douces. Si ces conditions favorisent la repousse de prairies préalablement pâturées ou fauchées, elles compliquent considérablement les chantiers de fauche à foins. Or, quel que soit le type de prairie, la marge de manœuvre pour passer d’un foin précoce à un foin tardif n’est que de 8 jours.
Il importe donc de mettre à profit la moindre fenêtre météo, pour avancer les récoltes humides au champ : enrubannages ensilages ou séchage en grange. Faciliter le préfanage de ces fourrages (et raccourcir le séjour au champ) passe par :

  • Une fauche en fin de matinée, après la rosée.
  • Une hauteur de fauche à 7-8 cm (ventilation des andains favorisée ; repousse plus rapide).
  • La maximisation de la surface d’exposition au soleil (fanage dans les 2 heures après la coupe, idéalement).

L’objectif est d’atteindre le plus rapidement possible les taux de matière sèche (TMS) nécessaires à une bonne conservation des stocks, à savoir 30-35 % MS pour un ensilage, plutôt 45-50 % pour un enrubannage (qui ne sera alors pas destiné aux brebis en lac-tation AOC). Le meilleur compromis pour un fourrage vrac est, quant à lui, de l’engranger pour ventilation à 50-60 % MS.

Pour rappel, estimation manuelle du TMS :

  • 15 % MS : Herbe au moment de la fauche
  • 20 % MS : En pressant le fourrage, les mains deviennent humides
  • 30 % MS : Le fourrage doit être tordu pour humidifier les mains
  • 35 % MS : Le fourrage très fortement tordu humidifie encore un peu les mains
  • 40 % MS et plus : Même une forte torsion du fourrage laisse les mains sèches 
  • 50 % MS #2j au sol par beau temps

Attention aux échauffements !
Pressé insuffisamment sec, un fourrage va fermenter. Pour sauver tout de même un foin un peu juste en séchage, si la pluie menace, du sel peut être épandu sur l’andain (à 100 kg pour 15 tMS) avant pressage ; des conservateurs (acide propionique ou propionate d’ammonium) peuvent aussi être utilisés. Les phénomènes d’auto-combustion peuvent intervenir entre les 10e et 30e jours de pressage.
En cas de doute sur le taux d’humidité des bottes, une sonde à fourrage peut être utile (certaines antennes Groupama en ont à disposition ; se renseigner localement) : en dessous de 45 °C, la température est normale ; au-dessus, l’évolution est à surveiller. Des températures de 55 à 65 °C signent des fermentations en cours : le foin caramélise, et perd en valeur alimentaire (mais pas forcément en appétence). Il est prudent alors de dépiler les bottes, pour aérer les tas, et de disposer d’un extincteur à eau à proximité. À partir de 70 °C, les bottes sont à entreposer à l’extérieur ; la situation devient dangereuse.
Sans sonde de température, l’affaissement des bottes lorsqu’elles sont empilées est un autre signe de leur humidité ; il est alors impératif de les laisser au sol environ 3 semaines, sans mise en tas.
D’autre part, pour évaluer la valeur des fourrages (et herbe sur pied), des analyses sont largement recommandées, et ceci afin d’évaluer la valeur des stocks ainsi réalisés et d’ajuster (ultérieurement) les rations. Des kits sont disponibles à la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques et/ou sur demande.
Enfin, concernant la situation des cumuls de températures au 21 mai, la fourchette va de 1 077 (Accous) à 1 310°Cj (Anglet) ; ils sont d’environ 1 110 à Ger, Lanne, Laruns et Urepel, 1 140 à Pontacq, Asson et Oloron, 1 195 à Bustince, 1 210 à Aïcirits, 1 230 à Uzein, Mendive et Orthez et 1 255 à Bidache et Lembeye. Pour la zone montagne, les estimations de calcul sont à 990°Cj à 600 m d’altitude, 920°Cj à 700 m, 860°Cj à 800 m et 730°Cj à 1 000 m.

Contact : Marie-Claude Mareaux Conseillère Herbe et Fourrages à la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques