Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Quelques pistes de valorisation de la laine locale

Quelques pistes de valorisation de la laine locale

Accéder aux flux rss de notre siteImprimer la page

Le projet franco-espagnol Lanaland a permis de développer différents prototypes de produits utilisant de la laine locale.

La laine des brebis de races laitières locales des Pyrénées- Atlantiques n’a aujourd’hui quasiment plus aucun débouché depuis plusieurs années. Rappelons que plus de 1 000 tonnes de laine sont produites environ chaque année sur notre territoire ! Cette situation laisse ainsi les éleveurs et les ramasseurs historiques désemparés, alors même que, de l’aveu de nombreux spécialistes, cette matière a de nombreuses propriétés très intéressantes. L’objet du projet Lanaland, projet européen franco-espagnol ayant débuté en 2019 et qui vient de se terminer en mai 2022, était de développer différents prototypes de produits à partir de cette laine locale.

Le textile et la maroquinerie
Même si la grossièreté des fibres de nos laines locales ne facilite pas leur utilisation, il reste que de nombreuses entreprises locales se sont développées dernièrement autour de la valorisation dans le domaine du textile et de la maroquinerie. Certaines (par exemple Iletegia et Dema) mettent en avant la typicité de nos laines en fabriquant divers accessoires, en particulier des sacs ou des pochettes, voire des espadrilles (Armaité, Don Quichosse). D’autres misent plutôt sur les propriétés physiques de la laine au travers du rembourrage, que ce soient de matelas (Iletegia), de coussins (Tokilia, La Manech), ou encore de doudounes (Jacod, Traille, Ternua).
Si ces entreprises traitent aujourd’hui de petits volumes, il reste que cette matière, au-delà de ces intérêts esthétiques et physiques, a également de nombreux bienfaits environnementaux. En effet, aussi bien au niveau de son impact carbone, de la consommation énergétique, ou de ses impacts environnementaux, la fibre de laine est plus performante que le polyester ou le polyuréthane par exemple, aujourd’hui largement utilisés dans le rembourrage. La laine pourrait alors représenter un matériau d’avenir dans ces domaines-là. Reste toutefois la question du lavage, opération aujourd’hui problématique puisqu’il n’existe, à l’heure actuelle, quasiment plus d’unités de lavages en France. Si l’Université de Pau et des Pays de l’Adour a commencé, dans le cadre de ce projet, une réflexion sur un nouveau type de lavage par biofermentation aux impacts environnementaux réduits et possible à petite échelle, des travaux supplémentaires restent indispensables pour sa mise au point.

La rubalise
Ekolber, une entreprise espagnole, a travaillé sur de la rubalise biodégradable, à base de collagène et de laine non lavée. Le procédé débute par un traitement des deux matières à pH élevé. Ensuite, ces matières sont extrudées, avec de la glycérine et de l’eau, par des technologies brevetées par l’entreprise. Ekolber arrive alors à un film d’une épaisseur de l’ordre de 100 microns, ce qui est correct pour ce type de produits. Un maximum de 20 % de laine peut être intégrée dans la rubalise. Deux défis restent à étudier : le découpage de la rubalise et sa teinture de manière industrielle. À l’heure actuelle, la biodégradabilité n’est également pas optimale, le but étant qu’elle se dégrade à l’air libre en un temps très court.
Si, techniquement, le produit n’est pas tout à fait au point, il apparaît que la demande pourrait être importante, en fonction bien sûr du coût final, notamment dans les secteurs du sport (trail par exemple) ou des bâtiments, permettant à la fois de verdir son image et de répondre aux attentes du public.

Le fil 3D
Une autre possibilité étudiée était l’intégration de laine en impression 3D, secteur aujourd’hui en plein essor qui permet de fabriquer des objets à faible coût mais qui restent très dépendants du plastique. Pour cela, la laine a été d’abord lavée avec un traitement au peroxyde d’hydrogène, avant d’être transformée en poudre. Cette poudre, à hauteur de 20 à 30 %, est mélangée à différentes matières plastiques, puis extrudée. Avec certaines matières plastiques (polyuréthane), l’addition de laine apporte rigidité et meilleure capacité d’impression.
Si le marché autour de cette solution est potentiellement vaste, il reste que techniquement, la R&D pour persister dans cette voie apparaît relativement longue.

Néanmoins, les solutions décrites ci-dessus explorées dans le cadre de Lanaland, potentielles ou concrétisées, ne pourront certainement traiter que des volumes réduits par rapport au volume produit sur le département. Pour cette raison, nous avons également réfléchi à des pistes permettant de traiter des volumes plus importants qui feront l’objet d’un prochain article.

Contact :
Jean Beudou, conseiller filière ovine - Recherche, développement, innovation
Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques
Tél. : 06 74 75 39 97
@ : j.beudou@pa.chambagri.fr