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Tirer meilleur parti de mes vaches de boucherie blondes

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Retour sur le rendez-vous technique organisé par la Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Atlantiques le 10 mars dernier à Orègue

Une belle affluence, une centaine d'éleveurs, et une audience attentive pour la présentation des dernières connaissances disponibles sur l’engraissement des vaches blondes, issue de l’expérimentation « AFIVAQ ».
Plus d’une centaine d’éleveurs ont ainsi eu accès aux repères actualisés pour piloter la finition et à une méthode pour adapter l’engraissement au potentiel de chacune des vaches de l’étable.

« AFIVAQ » et « DEFIBLONDE » : 2 programmes pour répondre à des questions spécifiques à la race Blonde

Etant « la plus petite des grandes races à viande », la Blonde d’Aquitaine n’avait jusqu’alors pas bénéficié des mêmes moyens de recherche et d’expérimentation que ses consœurs Charolaises ou Limousines. Et pourtant, malgré des qualités bouchères reconnues, de nombreuses interrogations relatives à l’évolution de la race et du contexte ne manquent pas de se poser. Côté éleveurs : des coûts d’engraissement en progression, avec un alourdissement des carcasses, un allongement des durées de finition, une hausse du prix des aliments (en particulier aujourd’hui). Côté abatteurs : des qualités de plus en plus hétérogènes des carcasses et des niveaux de finition.
Un dispositif expérimental ambitieux et inédit dans ses moyens en race Blonde a été mis oeuvre pour y répondre, grâce notamment à l’impulsion de l’OS France Blonde d’Aquitaine Sélection et au soutien financier de France AgriMer et de la région Nouvelle-Aquitaine : le programme « DEFIBLONDE », avec sa déclinaison régionale « AFIVAQ » (Amélioration de la Finition des vaches Blondes d’Aquitaine). Les départements des Deux-Sèvres, des Landes et des Pyrénées-Atlantiques ont été logiquement très impliqués dans le dispositif, avec le suivi d’une quinzaine de fermes locales. Chambres d’Agriculture, contrôles de performance et organisations de producteurs ont collaboré dans la mise en œuvre du protocole, défini et animé par l’Institut de l’Elevage.

Une excellence bouchère qui positionne la Blonde dans le haut de gamme

Produisant les carcasses les plus lourdes et les mieux conformées de France, les vaches de boucherie de race Blonde occupent un « marché de niche » : 6 % seulement des abattages nationaux de vaches de boucherie. A titre de comparaison, les réformes laitières en représentent aujourd’hui 60 %.

Une offre locale caractéristique et porteuse de marges de progrès

Dans ce contexte global, notre production Sud-Ouest est spécifique : bien que nous soyons encore le 1er bassin naisseur blond de France (avec plus de moitié des « moules à veaux »), nous ne contribuons que pour 36 % à l’approvisionnement français en blondes de boucherie. En cause : l’un des plus faibles taux de finition des réformes. Les 2/3 des blondes de la zone montagne quittent ainsi leur exploitation d’origine pour être engraissées ailleurs, en dehors de la région pour une proportion non négligeable. Sur le plan qualitatif, certaines de nos conduites d’élevage contribuent à une offre plus hétérogène notamment que le bassin de l’Ouest, avec des vaches de boucherie plus âgées (un tiers ont plus de 10 ans), globalement plus légères et moins conformées. Autant d’éléments de progrès que la filière sera amenée à valoriser.

5 enseignements majeurs pour faire évoluer les pratiques

Marion Kentzel et Aurélie Blachon de l’Institut de l’élevage ont présenté aux éleveurs le message de la journée, qui se résume autour de 4 points essentiels.

  • des repères renouvelés pour l’engraissement des vaches blondes .
    • Sur la base de plus de 1400 enregistrements complets (avec des pesées régulières), le programme pose pour la première fois des références précises sur les performances à l’engraissement des femelles de boucherie Blondes d’Aquitaine :
    • Gain de poids vif : augmentation de 25 à 30% du poids vif initial (soit 200 kg vifs à partir d’une vache de 700 kg en moyenne)
    • Durée : élément variable car dépendant du potentiel de croissance et de l’objectif de vente. La moyenne observée se situe autour de 6 mois (185 jours), ce qui est relativement élevé par rapport à d’autres races et bassins de production
    • Croissance : mesurée à travers le GMQ (gain moyen quotidien). C’est l’élément le plus variable. La moyenne observée est de 1100 g/jour. Elle s’étale entre des itinéraires très efficaces à plus de 1300 g/jour (rations sèches ou biphase de durée courte) et des performances inférieures à 1000 g/jour
    • Ingestion et rations : une moyenne observée de 14 kg de matière sèche ingérée par jour, soit un total de 2,5 tonnes de ration pour engraisser une blonde. 33% de l’énergie (UF) sont apportés par les fourrages, avec des rations plutôt concentrées à 75% de matière sèche. Sur ce point précis, le programme amène des possibilités nouvelles, en prouvant qu’il est possible d’engraisser efficacement une blonde avec une grande variété d’itinéraires alimentaires (voir plus loin)
    • caractéristiques des carcasses :  les 1400 animaux observés nous fournissent la « photographie » d’une carcasse moyenne : 535 kilos (pour 900 kg vifs), d’où un rendement carcasse moyen de 59,5 %, avec une conformation supérieure (80 % classés U)
  • pas une, mais 5 blondes différentes !
    L’un des enseignements majeurs du programme : il n’existe pas un, mais 5 profils de blondes ! Il est ainsi essentiel pour tout éleveur de savoir caractériser au mieux chacune des vaches de son étable au regard des 5 modèles de croissance qui ont été statistiquement établis sur le potentiel d’engraissement : de « l’hyper-croissance » (femelles à très fort potentiel de prise de poids, qui valoriseront des finitions longues, à destiner sur le marché premium haut de gamme)… aux « croissances quasi-nulles » (vaches à indice de consommation élevé, dont les durées d’engraissement doivent être limitées, à destiner « fleuries » vers des marchés standards-GMS)
  • une méthode pour prédire le potentiel d’engraissement de mes vaches
  • Troisième enseignement majeur : pour déterminer avec une fiabilité statistique supérieure à 80 % ce potentiel de croissance, 2 informations complémentaires sont nécessaires : des données sur l’animal (âge, note d’état, rang de vêlage, profil génétique, …) et, dans l’idéal, une pesée à 2 mois d’engraissement, afin de calculer le gain de poids intermédiaire et d’adapter la durée d’engraissement au potentiel de l’animal. L’investissement dans des dispositifs de pesée-contention peut ainsi très vite s’amortir !
  • Introduire des fourrages dans la ration, une voie de réduction des coûts d’engraissement
  • moyennant le respect de certains équilibres alimentaires, il est possible de finir une blonde efficacement avec tout type de rations. Pas moins de 11 itinéraires alimentaires, détaillés avec leur coût et performances de croissance, sont ainsi présentés dans la plaquette AFIVAQ (disponible sur demande auprès de la Chambre d’Agriculture 64 au 05.59.80.70.15). On peut ainsi opter pour des régimes « monophases » et « secs » centrés sur le maïs grain (à 93 % de concentrés), ou pour des régimes innovants « semi-fourragers » (à base d’épis de maïs entiers broyés ensilés), ou s’ouvrir enfin à des itinéraires « biphases » accordant une place plus importante aux fourrages ou à l’herbe (à 70 % de concentrés). Dans le contexte actuel, les coûts alimentaires journaliers varient ainsi selon les options de moins de 3 € ...à près de 4,50 € par vache !


La présentation a été suivie de la visite du Gaec Bizi Nahi et du témoignage de Mickaël Garay, qui a activement participé à cette expérimentation.  L’engraissement, conduit sur une base de maïs épi entier broyé ensilé et bien suivi autour de 4 phases successives, est particulièrement performant : le GMQ moyen est ainsi de 1350 g pour les 42 animaux suivis dans le cadre d’Afivaq.
 Les 39 femelles réformées en 2021 ont été abattues à l’âge moyen de 6 ans pour un poids carcasse de 605 kg.  Leur valorisation moyenne a été de 5,31 euros du kg. Malgré des ventes complémentaires non négligeables de reproducteurs et de broutards de qualité, les vaches grasses sont incontestablement le « produit phare » de l’atelier, avec 54% du chiffre d’affaires bovins en moyenne sur 5 ans. Un exemple inspirant dans un département où une blonde sur deux continue à se vendre maigre...

Contact pour tout complément d’information : Thierry DELTOR, Chambre d’Agriculture 64, 06.70.88.45.00

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