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Les agriculteurs bio gardent le moral

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L’Agence bio a présenté son premier baromètre du moral des agricultrices et agriculteurs bio au salon Tech&bio. Malgré la crise, 62 % des producteurs ont exprimé leur confiance quant à l’avenir du développement du bio.

Devant la crise de la bio qui dure depuis 18 mois, l’Agence bio, qui a pour rôle le suivi et l’accompagnement du développement de l’agriculture biologique, a réalisé pour la première fois une enquête en ligne pour consulter le moral des agriculteurs bio. 20 % des enquêtés (plus de 11 000 agriculteurs) ont répondu, et force est de constater qu’ils gardent le moral, comme l’indiquent les résul-tats présentés le 20 septembre en exclusivité au salon Tech&Bio.
86 % des répondants déclarent qu’être en agriculture biologique contribue à leur bonheur et 95 % des répondants sont fiers d’être en bio. Le choix de l’agriculture biologique participe à donner du sens à leur métier, être en accord avec leurs valeurs et leurs aspirations. « Le fait de passer en agriculture biologique m’a refait découvrir mon métier  et l’amour que j’avais pour ce métier. On est obligé de se remettre en question sur nos pratiques culturales, sur nos pratiques d’élevage, d’innover sous une contrainte, celle de se passer de pesticides synthétiques », déclare Anthony G., polyculteur, éleveur bio.

Pour le bien du collectif
Même si le projet est individuel, les agriculteurs sont en bio pour le bien du collectif. En effet, les motivations majeures sont pour 85 % des enquêtés prendre soin de l’environnement (eau, sols, air, biodiversité), pour 77 % préserver la santé (la sienne, de sa famille, ses proches, ses salariés, voisins, consommateurs) et pour 55 % retrouver la fierté de produire des aliments bons et sains.
Malgré la crise, 62 % ont exprimé leur confiance quant à l’avenir du développement du bio. Un optimisme encore plus marqué parmi ceux engagés en 100 % bio, avec 68 % de confiance exprimée. Toutefois, ils restent terre à terre et sont aussi très préoccupés par les nombreuses difficultés auxquelles ils doivent faire face. 50 % déplorent la faiblesse de plus-value sur une ou toutes leurs productions. 43 % s’inquiètent de la suppression des aides au maintien. 38 % à devoir faire face à l’alourdissement et l’augmentation des dépenses liées à la production et la main-d’œuvre. « Je pense que le bio s’en sortira à un moment donné, mais c’est vrai que là, on vit des moments qui sont difficiles » avoue Sophie-Charlotte D., arboricultrice bio.
Ils envisagent des solutions pour surmonter leurs difficultés et maintenir leur production en bio. Ainsi, ils en appellent au collectif, du citoyen-consommateur à la puissance publique, afin de vendre au juste prix la production agricole bio (55 %), renforcer l’information du grand public sur ce qu’est l’agriculture biologique, ses bienfaits (51 %), renforcer les aides (46 %), baisser les charges (40 %) et développer l’organisation des filières (38 %).

Des agriculteurs formés
Ils sont nombreux à se faire accompagner sur leur exploitation. En effet, si 72 % n’ont pas suivi de formation initiale en AB avant leur conversion ou leur installation, ils sont 56 % à déclarer suivre une formation au moins une fois par an. Les agricultrices et agriculteurs bio s’appuient aussi sur différents types d’entraides pour conduire leur exploitation : famille, conjoint, ami, etc. Et 78 % se font accompagner par des structures de développement et d’accompagnement (chambres d’agricultures, Onvar, associations ou autres…) pour optimiser leur activité. « L’agriculture biologique c’est un tout, ce n’est pas seulement de ne pas utiliser les pesticides et les engrais chimiques. Il y a aussi tout l’aspect humain » note Philippe H., maraîcher bio.
Dans un contexte de départ massif à la retraite dans les 10 ans, le bio aide à recruter les nouveaux talents, y compris en dehors du milieu agricole. 50 % des agriculteurs bio sont non issus du milieu agricole (NIMA), réservoir de candidats à la reprise, prouvant l’attractivité des pratiques du cahier des charges bio. De plus, entre 24 et 48 % des candidats à l’installation, suivant les régions, souhaitent s’installer en bio. La question de la formation et de la communication sur le bio dans l’enseignement agricole et non agricole est primordiale pour constituer la relève d’un secteur agricole confronté à un défi générationnel et une fracture entre ville et champs.
Concernant la transmission des exploitations bio, 64 % des plus de 60 ans ont un projet de transmission de leurs fermes, et l’enjeu est que ces fermes restent en bio. Les 60 000 fermes bio constituent un patrimoine national qui donne à la France sa position de championne européenne de la production bio. Un patrimoine qu’il faut préserver à tout prix au nom de la souveraineté alimentaire, et de l’objectif de 18 % de surfaces en bio. L’accompagnement de la transmission devient un des axes prioritaires au développement de l’agriculture biologique sur le département des Pyrénées-Atlantiques également et le service transmission, en partenariat avec le service bio de la chambre d’agriculture, se tient à disposition des agriculteurs souhaitant travailler leur projet de retraite et de transfert de leur exploitation en bio.
Pour éviter une régression en surface et nombre de fermes bio, qui serait dommageable pour la transition alimentaire et agricole en cours, il est crucial de pouvoir faciliter l’installation et pérenniser des débouchés pour les aspirants au bio. Il est désormais nécessaire de piloter, autant que possible, le marché bio autant par l’offre que par la demande et d’avoir une consommation alimentaire cohérente avec l’indispensable transition agricole.

Contact : Ludivine Mignot,  conseillère bio Chambre d’agriculture 64, l.mignot@pa.chambagri.fr