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Les méteils bio en concours

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Jérémy Candau, de Bugnein, a remporté le concours des méteils bios 2021 organisé par la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques.

Pour la quatrième année consécutive, la Chambre d’agriculture a organisé son concours des méteils bio, permettant, à partir des pratiques locales, de mieux connaître et faire connaître ce type de culture. Cultures irrégulières (« on sait ce que l’on sème, on constate ce qu’on récolte »), les méteils sont cependant intéressants à plus d’un titre (agronomie, polyvalence d’utilisation…), dont celui de permettre de diminuer les achats de ce qui coûte le plus cher dans une ration d’alimentation animale : les protéines…
Illustration de cette irrégularité, l’édition 2020 du concours a avorté, la faute à un automne 2019 noyé. Les quelques méteils qui avaient pu être semés ont, pour la plupart, été broyés, les rares parcelles récoltées ont, quant à elles, péniblement atteint les 10 t/ha de rendement. Pour cette édition 2021, les conditions automnales ont été plus normales et les semis ont pu être effectués. Cinq agriculteurs ont participé, tous avec des méteils grain.
Les matières azotées totales des 5 échantillons fournis (MAT en pourcentage de la matière sèche) ont été analysées. Les rapports PDI limitant sur les UF ont également été calculés afin d’approcher l’équilibre alimentaire des méteils grains récoltés. De même, le ratio (PDIN – PDIE)/UFL correspondant au rapport microbien qui permet de vérifier le bon fonctionnement du rumen a été analysé. Pour rappel, à l’échelle de la ration journalière d’un ruminant sont recherchés des PDI/UF de 90 - 100 (plutôt 100) pour des bêtes à forts besoins et (PDIN – PDIE)/UFL à 0, ce, avec une tolérance plus ou moins importante de déséquilibre selon le niveau de besoin de l’animal (âge, stade physiologique, objectif de production).
Les méteils grains recueillis montrent des MAT allant de 16,4 à 22,4 %, avec une moyenne à 19,2 % (écart-type à 2,3). Les deux rapports calculés sont respectivement à des moyennes de 95,8 (écart-type à 3,6) et 12,2 (écart-type de 11,5). Ces produits sont donc globalement protéiques et équilibrés, mais avec une variabilité, à l’image de leur composition à la récolte. Un méteil équilibré, à l’instar d’un des échantillons analysés, avec PDI/UF à 96 et un rapport microbien à 0 pourra se suffire à lui-même comme aliment complet, sans besoin de correction (hors complémentation minérale). Il conviendra, par exemple, pour alimenter des vaches gestantes en état et des génisses de 2 ans.
Les méteils les plus protéinés (avec un rapport microbien bien supérieur à 0) conviendront à des animaux en production ou à forts besoins (femelles suitées ou en lactation, primipares et individus les plus jeunes), ou/et pour contrebalancer des fourrages habituellement peu pourvus en azote (ou très énergétiques comme le maïs ensilage, certains foins…). Ils seront de toute façon intéressants pour remplacer, au moins en partie, les correcteurs azotés.

Choix des mélanges
Les espèces privilégiées pour les méteils sont généralement celles réputées rustiques et productives. L’un d’entre eux est composé de triticale, féverole et pois fourrager, en proportions inconnues au semis.  Comme les années passées, les plus fréquemment utilisées ont été le triticale (3/5) et la féverole (4/5), en association simple ou avec d’autres espèces de céréales et/ou de protéagineux en densité variable. La majorité des participants utilisent, pour une partie ou l’ensemble des espèces de leur mélange, des semences fermières.
Sans surprise,  pour  les  échantillons  dont la répartition des espèces à la récolte est connue, les proportions semées et récoltées sont très fluctuantes et déterminent la valeur azotée. D’éventuels apports azotés jouent habituellement sur cette répartition finale et sur les rendements qui s’échelonnent cette année de 20 à 40 quintaux/ha (avec une moyenne à 33,5).
Jérémy Candau de Bugnein, le gagnant du concours 2021 met  en culture des méteils tous les ans et les valorise auprès d’éleveurs à 400 €/t départ ferme. Il utilise, pour ce faire, des céréales de la ferme, et apprécie de pouvoir tester des associations. Actuellement, il sème 3 à 4 mélanges différents « dosés à l’œil », avec « plus de féverole pour les parcelles séchantes et plus de céréales à paille pour les parcelles à cailloux ». Libérant les terres tôt, ses méteils sont positionnés avant un colza implanté en septembre. Ce dernier est ensuite généralement suivi d’un maïs puis d’un tournesol.

Un bon précédent
Jérémy cherche à implanter dans de bonnes conditions et sème ses méteils après labour et travail du sol. Il les fertilise à 40 unités d’azote en sortie d’hiver (fin février/début mars) pour les relancer et s’assurer un bon redémarrage. Le rendement moyen obtenu est de 20 à 30 q/ha. À ses yeux, « l’inconvénient du méteil est sa faible marge économique; mais il a de nombreux avantages, notamment au niveau agronomique, car il permet un travail estival du sol favorisant la lutte contre les vivaces et autres liserons grâce au dessèchement des adventices après un déchaumage. C’est un bon précédent grâce à sa couverture engendrant peu de salissement de sparcelles et à la présence de légumineuses évitant la fatigue des sols. De plus, il demande peu d’interventions et permet de se libérer pour le désherbage des cultures sarclées d’été lorsqu’on est en bio ».
Grâce à ce concours, bientôt une analyse pluriannuelle des résultats sera faite pour mieux identifier les méteils adaptés à notre département. Alors rendez-vous cet été, pour une nouvelle édition de ce concours !

Contact : Ludivine Mignot, conseillère bio chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques