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Point météorologique : situation de ces derniers mois

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Pour la 2ème année consécutive, un déficit de pluviométrie (par rapport à la pluviométrie habituelle) est patent sur le département pour la période printanière, permettant certes de pouvoir valoriser l’herbe plus tôt, mais impactant directement les volumes disponibles de végétation.

Le manque d’eau est marqué, pour cette année, depuis février ; mais si la répartition des pluies semble évoluer vers un manque tôt en saison, le cumul annuel reste, en tout cas pour ces 3 dernières années, important ; il reste d’ailleurs parmi les plus élevés du pays.

« La particularité de cette année est qu’il n’y a pas eu réellement d'épisodes pluvieux intenses et prolongés depuis fin février. Les quelques pluies en avril et mai n’ont pas été dans des quantités importantes. Résultat : les sols en ce début juin ne sont pas du tout saturés en eau, ce qui est le cas d'habitude. (…) De novembre à mi-février, les pluies ont été très excédentaires, ce qui a permis de "remplir" lacs et nappes. Mais le coup d'arrêt depuis laisse envisager des  tensions fortes sur les réserves en eau du sol, d'autant que le vent, la chaleur et la pousse de la végétation viennent aggraver cet état de fait. Autrement dit, 2021 est  trop en avance en terme de "rupture" saison humide / saison sèche » (Julien BOYER, Service Irrigation CA64).

Pour voir l’impact éventuel de ce déficit statistique sur la végétation, il faut regarder le ratio P/ETP (précipitation/évapotranspiration potentielle), évaluant la situation hydrique ET son impact sur la pousse :

  • quand > 0,66 : pas d’effet sur la pousse,
  • quand 0,33 < ratio < 0,66 : la pousse est ralentie,
  • quand < 0,33 : la pousse est arrêtée).

L’ETP ou évapotranspiration potentielle correspond à l’évaporation de l’eau contenue dans le sol et de celle transpirée par la végétation.

Historiquement observés sur le département au plus tôt à partir de juin, les valeurs signalant un effet sur la végétation sont apparues ces dernières années bien plus précocement : dès février (pour 2019 et 2021), voire janvier 2020 ; sachant que cette année 2020 est la plus précoce observée jusqu’ici (Début des observations CA64, données Météo France : 2008).

Depuis 4 mois, ce ratio P/ETP est bas, à une période où les ETP sont encore faibles ; arrivant en période estivale, ces ETP vont naturellement croître, accentuant encore plus des ratios P/ETP déjà marqueurs de déséquilibre.

Ce qui est « normal » ou compréhensible en période estivale est donc préoccupant quand cela survient en période habituelle de rechargement. Si ces périodes « sèches » durent peu, l’impact sur la pousse (et donc les volumes d’herbe disponible) est réel lorsqu’elles perdurent … d’autant plus sur une période habituellement plus arrosée, où l’eau n’est d’ailleurs pas un facteur limitant.
Ce déficit hydrique, comme le défaut de disponibilité en éléments minéraux, ralentit la croissance végétative. Il ne joue cependant pas sur la phénologie (= les stades de végétation) des graminées.

Concernant ces repères phénologiques, toujours ce observé à AICIRITS (avec 2020, année bissextile ...) :

Sommedestempératures (endegrés-jours °Cj)(cumulau 1er février,base0 - 18)

moyenne2008- 2019

2020

2021

250

miseà l'herbe

03-mars

23-févr

22-févr

750

fauchesprécoces

18-avr

09-avr

11-avr

1000

fauchesintermédiaires

08-mai

26-avr

03-mai

1200

fauchestardives

23-mai

09-mai

18-mai

 

La tendance est à la « précocisation » de la végétation … Alors que 2021 est parti sur les mêmes bases que 2020, les successions de températures supérieures aux normales saisonnières et de nets fraîchissements, dans un contexte relativement sec, ont ensuite (à partir de mars) freiné la pousse : en terme de volume d’herbe donc, pas de stades.
De fait, ces observations semblent illustrer, déjà et ici, le réchauffement climatique. Elles sont à l’avenant pour l’ensemble du département.
Des adaptations des pratiques sont possibles : mise à l’herbe plus précoce (sous condition de portance) ; mise en place d’un pâturage efficient (pour limiter les gaspillages et valoriser au mieux l’herbe disponible) ; mise à profit de toutes les fenêtres de récolte possibles, quitte à réaliser des stocks par voie humide ou séchage en grange, …. ; implantation de cultures dérobées, hivernales (méteils pour récolte immature, ...) ou estivales, pour pallier un éventuel déficit herbager, diversifier les ressources et diluer le risque ; et autres options, non exhaustives … Plus ou moins aisées / immédiates, elles seront probablement un(des) recours à envisager de plus en plus fréquemment.

Contact : Marie Claude MAREAUX - CHAMBRE D'AGRICULTURE 64 - 05 59 80 69 92 - mc.mareaux@pa.chambagri.fr

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