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Quels sont les intérêts de l’élevage bio ?

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En se basant sur la pratique du pâturage, l’élevage des ruminants en agriculture bio favorise le stockage du carbone et renforce la biodiversité dans l’écosystème des prairies.

 

Le label bio, un label parmi tant d’autres ? Et bien non. Ce label permet à la fois de préserver la biodiversité, les sols, la qualité de l’eau et bien d’autres points encore. Il réunit toutes les voies que cherchent à mettre en avant les autres labels. Il répond, notamment, au mouvement de contestation qui émerge de la société portant sur le bien-être animal au regard de certains modes d’élevage. Et pourtant l’élevage fait partie intégrante de la vie de l’homme et permet l’équilibre des écosystèmes. Le rejeter totalement est un non-sens agronomique et l’agriculture biologique l’a bien compris.
L’élevage herbagé qui se base sur la valorisation de surfaces en prairies à flore variée est indispensable au maintien des milieux herbagers qui sont instables. En l’absence de pâturage, les milieux se fermeront et évolueront vers la forêt et donc un appauvrissement de la biodiversité. En Europe occidentale, les milieux les plus riches sont ceux combinant les paysages de prairies, de haies et de petits bois. Les grands troupeaux migrateurs n’existant plus en Europe, ce sont aux agriculteurs de maintenir cette diversité de milieux. Une simple fauche ne peut suffire à l’entretien des prairies car les insectes coprophages s’alimentant de bouses et crottes font partie de la chaîne alimentaire, leur disparition déstabilisera l’ensemble de la chaîne écologique de ces milieux. Les prairies pâturées sont indispensables à la diversité des écosystèmes européens.
L’agriculture biologique n’autorise pas l’utilisation d’engrais minéraux de synthèse qui sont la première source agricole de gaz à effet de serre en Europe. Ces éléments en bio sont apportés par l’élevage d’où le renforcement du lien au sol dans la révision du règlement bio mis en application le 1er janvier 2022. L’élevage permet d’apporter des engrais organiques. Il favorise aussi l’implantation régulière de prairies dans les cycles de cultures, ce qui est  indispensable pour assurer aux sols une structure et un système microbien permettant aux plantes non seulement d’obtenir des rendements corrects mais aussi de résister aux parasites et maladies.

Puits à carbone
L’approche globale comme nous l’avons déjà évoqué dans ces articles est donc fondamentale dans l’appréciation des systèmes agricoles. Le cahier des charges ruminant bio renforce les pratiques de pâturage avec l’obligation d’une alimentation des animaux entièrement bio (même celle achetée ne doit pas avoir eu de traitements ou engrais chimiques de synthèse) et un accès permanent au plein air garanti pour brouter chaque fois que les conditions le permettent. Le pâturage est incontournable et renforce la part de prairies dans les assolements et l’autonomie des exploitations.
Qui dit prairies dit stockage de carbone. Si l’on superpose la carte de France des stocks de carbone des sols français avec celles des surfaces en prairies, le constat est frappant. Plus il y a de prairies, plus il y a de carbone stocké. L’INRAE a démontré dans l’étude “4 pour 1000 France” portant sur le stockage carbone que le pâturage est plus favorable au stockage carbone que la fauche grâce au retour au sol par les déjections animales d’une partie du carbone ingéré.
Mais le stockage du carbone dans les 30 premiers centimètres du sol n’est pas systématique, il est influencé par de nombreux facteurs. Sur une prairie permanente, 1,2 kg d’azote apporté est nécessaire pour stocker 1 kg de carbone et sur un même niveau d’apport, le stockage de carbone semble augmenter avec la valorisation de l’herbe jusqu’à un optimum puis diminue ensuite. Les prairies uniquement pâturées stockent, a priori, davantage de carbone que les prairies uniquement fauchées et l’optimum de stockage semble atteint avec un pâturage modéré (ni faible ni intense).
Les effets du pâturage (et partiellement de la fauche) sur le stock carbone sous prairies ont des conséquences sur l’état du couvert (intensité de prélèvements, sélection par l’animal, piétinement) et le retour de la matière organique au sol via les restitutions animales et la litière végétale. Une prairie permanente permet un stockage tendanciel de l’ordre de 0,19 à 4 tonnes de C/ha/an sur l’horizon 0-30 cm pour respectivement des prairies productives et peu productives.

Un levier pour la biodiversité
Au-delà de la fonction productive, d’un point de vue écologique, les prairies regroupent des habitats occupés par une unique strate de végétation, composée d’espèces herbacées dont principalement des  graminées (Poacées) et des légumineuses (Fabacées) permettant des espaces ouverts. Outre l’esthétisme et l’intérêt olfactif des paysages engendrés par les prairies, si l’on intègre les infrastructures agroécologiques, tel que les haies, lisière de bois, mares et autres fossés, les prairies sont au cœur d’un écosystème en équilibre entre ravageurs (rats taupiers par exemple) et prédateurs (rapaces nichant dans les haies). L’entretien d’un écosystème varié et équilibré sans usage de pesticides permettra l’action des insectes auxiliaires et sera garant de la biodiversité. Cette biodiversité qui peut être assimilée, rappelons-le, à la sixième crise d’extinction de masse des espèces.
Mais la pâture en élevage herbagé bio peut devenir un véritable levier pour celle-ci. Les surfaces en herbe sont intéressantes si elles sont variées, à usage multiple et sans intrant chimiques de synthèse comme nous l’avons vu. La pâture est économe mais les effectifs des troupeaux doivent être en adéquation avec la productivité des prairies. Cette notion est essentielle pour permettre un cycle de la matière organique équilibré sans apports, qui respecte pleinement la vie du sol et la qualité des eaux.
Un pilotage adapté de la pâture permet l’amélioration agronomique des prairies naturelles tout en évitant le travail mécanique qui provoque des impacts importants sur la flore et la faune du sol. En bio, la recherche d’une meilleure autonomie reste à concilier avec le maintien de la biodiversité. En prairie de fauche, l’absence de fertilisation et de sur-semis, l’organisation des fauches sont des leviers pour préserver la biodiversité. Pour les prairies de pâturage, le chargement annuel doit tendre vers 0,85 UGB/ha. Un pâturage de septembre sur 10 à 20 % de l’exploitation est un refuge pour beaucoup d’insectes et de vertébrés.
Protéger ces paysages complexes par des pratiques d’élevage extensives ou préservant la qualité environnementale comme celles liées au cahier des charges de l’agriculture biologique, permet de favoriser les services écosystémiques rendu à l’homme par le milieu.
D’après les dernières études sur les labels, évaluant la durabilité de 11 démarches alimentaires (labels, certifications…) à travers une grille d’analyse innovante et systémique, intégrant 7 problématiques environnementales et 7 problématiques socio-économiques (revenus des producteurs, conditions de travail, bien-être animal…), l’agriculture biologique est l’identité qui garantit le mieux des produits s’inscrivant dans la transition écologique et engendre des impacts positifs sur la plupart des problématiques environnementales. Elle offre également des garanties sur l’impact positif en termes de bien-être animal, ainsi que sur la santé humaine, des travailleurs et des consommateurs. La variété des contraintes du cahier des charges bio, contrôlées, ainsi que le travail scientifique qui l’entoure en font la valeur la plus sûre pour les consommateurs.

Contact : Ludivine Mignot, conseillère bio chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques